Autosuffisants en protéines et en énergi Autosuffisants en protéines et en énergie
Après le chauffage au bois déchiqueté, la famille Bordeau a choisi de presser du colza à la ferme pour rendre l'exploitation moins dépendante des achats extérieurs.
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«Au sein de la Cuma Cepvil, nous sommes pour l'instant quatre à presser du colza à la ferme pour le transformer en tourteaux et en huile carburant, indique Dominique Bordeau, éleveur laitier avec 240 000 l de quota et 43 ha à Peuton (Mayenne). Un cinquième membre envisage cette solution pour mettre de l'huile dans sa chaudière. » Chez les Bordeau, ce nouvel atelier démarré en novembre dernier ne correspond pas à une politique de coups mais à une vision globale de l'exploitation. Il s'intègre dans un cheminement environnemental, entamé il y a quinze ans, qui les a d'abord conduits à réduire les intrants, à planter des haies puis à évoluer vers un système très herbager avec changement de race laitière et une certification des productions animales. Un parcours qui s'est doublé d'une recherche constante d'autonomie. « Chez nous, quasiment tous les postes des charges opérationnelles ont été passés en revue, explique Béatrice Bordeau, son épouse. Grâce à l'économie du système herbager, le niveau des intrants se situe déjà à la moitié de la moyenne du canton. Il restait encore deux gros postes auxquels on ne s'était pas attaqué : l'énergie et les achats extérieurs de protéines. »
4 ha pour satisfaire les besoins
Avec le pressage du colza, Béatrice et Dominique Bordeau espèrent économiser environ 3 000 l de fuel et 10 tonnes de tourteaux de colza (les protéines ne sont nécessaires que l'hiver, compte tenu du système de production herbager).
Afin de mettre l'atelier en route, ils ont acheté du colza à la coopérative, avec un cahier des charges particulier : 6 % d'humidité maximum, 3 % d'impuretés. Des critères qui jouent sur le rendement en huile de la presse, sur la quantité de déchets et sur la bonne combustion dans le moteur. A l'automne, quatre hectares de colza ont été semés afin d'avoir des graines à triturer. « Avec cette surface, il devrait y avoir parfaite correspondance entre la production de tourteaux et d'huile par rapport à nos besoins en protéines et en carburant. Cela tombe bien chez nous, mais j'ai des collègues qui se retrouvent par exemple avec un excès d'huile. » La Cuma a investi environ 7 600 euros dans une presse Täby (débitant 10-12 l/h (*)) et dans une pompe électrique filtrante, l'ensemble pouvant se déplacer facilement de ferme en ferme. Il est facturé 1 euro de l'heure. Le reste de l'atelier de pressage a été réalisé avec des matériels de récupération. Il se limite à un silo d'aliment reconverti pour le stockage des graines (10 m3), à un tank à lait de 2 500 l pour la décantation, et à une cuve à carburant de 1 000 l.
Bicarburation et réchauffage de l'huile
L'huile est utilisée dans deux tracteurs Same de 65 ch et 100 ch, affichant chacun 6 000 h au compteur. Le premier est doté d'un kit de bicarburation Barrault (voir page précédente). Le second est pourvu d'un module de bicarburation d'origine suédoise (Täby) qui assure en plus le réchauffage de l'huile (environ 1 070 euros (*)). Le basculement du fuel vers l'huile s'effectue automatiquement quand l'huile a atteint une température minimale de 65 °C, ce qui est le gage d'une bonne combustion. A cette température, on s'affranchit aussi des problèmes de viscosité. Le chauffage de l'huile, qui s'opère par quatre bougies électriques, ne se met en marche que lorsque la température du bloc moteur a elle-même atteint 50 °C. C'est donc une huile chaude pénétrant dans un moteur chaud qui est brûlée. Dominique Bordeau a aussi fait procéder à un tarage plus élevé des injecteurs (20 bars en plus) et a bien sûr installé un réservoir additionnel pour le fuel, logé sous le marchepied (une bonbonne récupérée sur un camion).
(*) distribué par un agriculteur, Francis Laplace, chemin de la Madeleine, 64 000 Pau. Tél : 06.08.43.82.13
Intéressant à partir d'un fuel à 0,384 euro/lDominique Bordeau a réalisé une simulation lui permettant de déterminer à partir de quel seuil du prix du fuel, il était plus intéressant de triturer son colza plutôt que de le vendre. Résultat, pour un tourteau valant 0,183 euro/kg (1,20 F/kg) rendu producteur et un prix de marché du colza de 19,8 euros/q (130 F/q), ce seuil est de 0,384 euro/l (2,52 F/l). Avec un tourteau à 0,198 euro/kg (1,30 F/kg) et un prix du colza inchangé, ce seuil s'abaisse à 0,33 euro/l (2,16 F/l). Avec un tourteau à 0,228 euro/kg (1,50 F/kg), le point d'équilibre devient 0,22 euro/l (1,45 F/l). Pour mémoire, le fuel est en ce moment à 0,396 euro/l (2,60 F/l). On voit que le prix du tourteau (très fluctuant) pèse beaucoup sur la rentabilité. |
Un poulailler de 600 m² chauffé au bois déchiquetéLes Bordeau n'en sont pas à leur première initiative dans le domaine des énergies renouvelables. En 2001, ils ont investi dans une chaudière au bois déchiqueté de 60 kW (Energie Système) qui permet de chauffer leur maison ainsi qu'un poulailler de 600 m². Cette installation fournit également de l'eau chaude pour l'habitation et la salle de traite. Résultat : l'équivalent de 8 000 l de fuel économisé. Le bois provient de leurs haies (depuis leur installation, près de 3 km ont déjà été replantées et s'ajoutent aux 2,2 km qui existaient déjà). Et c'est un tracteur fonctionnant à l'huile carburant qui assure le déchiquetage du bois ! L'été, la chaudière est coupée et c'est un chauffage solaire qui prend le relais pour fournir de l'eau chaude. |
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